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Mai 2020
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Renzo Salazar

"J'ai rencontré Vanessa lors de ma deuxième visite aux femmes transgenres dans le centre historique de Lima. Ces visites font partie d’un projet que j'ai commencé le mois dernier avec une amie journaliste, Lucia Calderon, pour le journal Peru21. Cela n'a pas été difficile pour nous car elle était déjà très engagée dans la cause et je collaborais moi-même avec un webmédia LGBT depuis plusieurs années.
Cette collaboration me permettait de rester informé des événements liés à cette partie de la population de mon pays, marginalisée en raison de son identité sexuelle.
Pendant le confinement, le président du Pérou, Martin Vizcarra a ordonné que la circulation des personnes dans les rues soit limitée à une fois par jours et que les hommes et les femmes sortent séparément, laissant le dimanche comme un jour interdit à tous sauf à ceux qui fournissent un service vital à la société.
Quelques jours après l'annonce du décret, des vidéos ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux dans lesquelles les policiers se moquaient du nom figurant sur les cartes d’identité de ces femmes transgenres. Ces policiers leur faisaient ensuite faire des exercices physiques en guise de punition en les obligeaient à crier qu’elles étaient des hommes. Ces vidéos sont rapidement devenues virales dans le contexte du confinement, mais les agressions envers la population transgenre ont toujours eu lieu au Pérou. Les personnes âgées et les autorités qui devraient protéger les citoyens ne cessent de les maltraiter, de les battre et même de les violer.
Vanessa pleurait en racontant ce qui lui était arrivée, et me disait que ce qui lui faisait le plus de mal en tant que transgenre dans ce pays était le fait de ne pas pouvoir sortir dans la rue sans être jugée et de ne jamais se sentir libre, paticulièrement en ce moment.
La situation économique des personnes transgenres est aujourd’hui très critique : les faibles possibilités d'emploi dont elles disposaient ont été réduites et elles ne peuvent plus vivre que de dons. Un conseiller municipal collecte actuellement un peu d'argent chaque semaine pour leur permettre d’acheter des produits de première nécessité, mais ce n'est jamais suffisant, car plus de 150 femmes se retrouvent dans cette situation précaire à Lima."
Renzo Salazar
Pérou,
@renzosalazarc