
martine
franck
ÉVÉNEMENT
feminine(s)
A l’occasion de l’ouverture de ses nouveaux locaux dans le Marais (79 rue des Archives), La Fondation Henri Cartier Bresson consacre une exposition retrospective à Martine Franck, créatrice de la dite Fondation aux côtés de son époux Henri Cartier Bresson et de leur fille Mélanie.
Agnès Sire, actuelle directrice artistique de la Fondation, nous propose une lecture complète de l’oeuvre de cette immense photographe, concernée tout au long de sa carrière par la question de la condition féminine.
Née à Anvers en 1938, la jeune femme ayant étudié l’histoire des arts, décide d’embrasser la photographie après un voyage en Orient en 1963. Elle devient alors l’assistante des éminents photographes Gjon Mili et Eliot Elisofon avant de se lancer seule. Elle suit alors la vie de la compagnie de théâtre du Soleil et se consacre aux portraits d’artistes et d’écrivains, qui lui permettront d’être publiée dans les plus grands magazines tels que Life, ou le New York Times. Elle est ensuite une des créatrices de l’agence VU, et épouse le photographe Henri Cartier Bresson en 1970, et intègre la célèbre agence MAGNUM dont elle était déjà associée, en 1983.
« Tout ne se photographie pas. Il y a des moments où la souffrance, la déchéance humaine vous étreignent et vous arrêtent. D’autres situations interessantes en terme de sociologie, ne disent rien visuellement. La photographie montre ce qu’elle démontre, elle n’explique pas le pourquoi des choses ».
MF dans "Le temps de Vieillir"
Toute sa vie, elle travaillera à dénoncer et améliorer le sort des femmes à travers ses nombreux reportages, tout en défendant son statut de femme photographe, encore très rare à l’époque. Apres avoir tiré le portrait de plusieurs femmes aux emplois « abêtissants » en France, elle se rend en Roumanie en 1975 et travaille sur le même sujet. Dans les années 80, elle réalise les portraits d’une dizaine de femmes telles qu’Agnès Varda, son amie auteure Ariane Mnouchkine ou encore la photographe Sarah Moon, pour le Ministère du droit des femmes. Elle décide également de mettre en lumière des femmes ayant choisi des « métiers d’hommes » telles que des guides de montagne ou des conductrices de train. Elle se penchera également sur le sort des femmes en détention à la fin des années 80, ou encore sur les femmes victimes de violence à travers une commande pour le magazine Marie Claire en 2002. Elle travaille ensuite à Téhéran puis en Inde et sortira en 2010 l’ouvrage "Women/Femmes" qui réunit un grand nombre de ses photographies réalisés pour Reporters sans Frontières et le projet « Elles changent l’Inde ».
En parallèle de ses sujets sur la condition féminine, elle photographie depuis toujours la troupe de son amie Ariane Mnouchkine et devient membre à part entière du Cirque du Soleil, dont elle photographie les artistes, les coulisses et les créations. Elle réalise et produit également des documentaires tels que « What has happened to American Indians » en 1970, ou encore « Music at Aspen » via l’agence VIVA dont elle est également co-Fondatrice. Dans les années 80, elle collabore avec Petit Frères des Pauvres, et publie son ouvrage « Le temps de Vieillir ». En 1993, elle se rend à plusieurs reprises sur l’Ile de Tory en Irlande pour suivre une communauté Gaélique, et réalisera le petit film
« Tory Island No treasure Island». En 1996, elle se rend en Asie pour documenter la vie d’enfants moines tibétains dont elle exposera les photographie à Londres en 2000.
Elle devient ensuite directrice de la Fondation Henri Cartier Bresson puis est décorée Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur en 2006.
« L’appareil est en lui-même une frontière, passer de l’autre coté, on ne peut y parvenir qu’en s’oubliant soi-même, momentanément ». MF

Exposition Martine Franck
Du 06 novembre 2018 au 10 janvier 2019
Fondation Henri Cartier- Bresson