
ÉVÉNEMENT
MALICK
SIBIDÉ
RÉVOLUTION(S)
En 1995, la fondation Cartier pour l’art contemporain recevait Malik Sidibé, « l’Oeil de Bamako », pour sa première exposition hors de son continent d’origine. Plus de 20 ans plus tard, la Fondation reçoit à nouveau ses oeuvres, pour un hommage post mortem du photographe. Nous redécouvrons Mali Twist, le peuple malien, leurs coutumes et leurs divertissements à travers l’objectif de Sidibé, qui toute sa vie, s’est rendu dans les clubs, sur les plages, pour regarder la société malienne se divertir sur de nouveaux rythmes musicaux, après l’acquisition de l’indépendance du pays.
Né en 1935 dans le village de Soloba, au Mali, pays ou il vivra toute sa vie, le jeune homme est le seul enfant de la famille a etre scolaireisé. Il et se verra plus tard accepté dans une école d’art pour ses talents de dessinateur.
Après avoir obtenu son diplôme d’artisan bijoutier, il réalise ses premiers reportages au sein de son village avec des portraits de sa famille. Parallèlement, il se forme à la photographie de studio auprès de Gérard Guillat-Guignard alias « Gégé la pellicule » , un photographe français installé au Mali. D’abord caissier dans la boutique, puis décorateur, puis apprenti. L’homme souhaitera plus tard lui léguer son studio, offre refusée par le jeune homme de peur de manquer d’expérience.
Guillat lui permet de se rendre dans les soirées « populaires ». Les Bamakois l’apprécient, se laissent photographier en dansant sur les nouveaux rythmes rock et twist de l’époque, une culture américaine qui fait son entrée au Mali durant cette période post indépendance. Les nuits sont longues et enivrantes et Sidibé rentre au petit matin, pour développer ses pellicules. Cette liberté sera de courte durée puisqu’à l’arrivée du nouveau gouvernement, les milices surveillent la musique et les tenues vestimentaires. L’oeuvre de Sidibé est donc l’une des rares qui documente l’occidentalisation de la culture dans le Mali post colonial. C’est d’ailleurs à cette période qu’il réalisera la photo qui le rendra célèbre, «Nuit de Noël » sur laquelle on peut voir deux jeunes frères et soeurs se déhancher à la manière des yéyés, un 25 décembre, dans un des nombreux clubs de Bamako, le « Happy Boys Club ».
En 1962 pourtant, le jeune photographe ouvre son propre studio, à Bagadadji, un quartier central de Bamako. Défilent alors tous les habitants de la capitale, jeunes ou vieux, pour se faire tirer le portrait. Malick met a disposition de ses modèles des accessoires emblématiques au sein de son studio, où l’on aime venir se faire représenter avec un scooter, des lunettes de soleil, un transistor, devant des fonds à motifs, changés régulièrement. C’est la grande époque de Malick Sidibé.
Se met en place un véritable étude, un véritable inventaire de la représentation de la population Bamakoise et plus largement africaine à cette époque. La fondation propose d’ailleurs aux intéressés de revivre cette expérience, au début de l’exposition, en recréant un studio « à la Sidibé ».

« Il avait ouvert une voie, il nous a montré que l’on pouvait etre africain, et s’intéresser à la contemporanité de son Afrique, il nous sort un peu des cercles récurants traditionnels, pour ouvrir les yeux sur cette Afrique nouvelle qui arrivait »
Soro Solo, journaliste.
A partir de 1976, les clubs disparaissent et la couleur fait son entrée triomphante dans le monde de la photographie studio. Sidibé voit une baisse d’activité mais commence à intégrer des expositions internationales. Il rencontre ensuite le photographe Seydou Keïta avec qui il commence une grande collaboration, ils exposeront tous les deux aux Rencontres de la Photographie Africaine. Les images de Sidibé font leur entrées dans les musées, comme témoignages indéniables de la vie contemporaine de son pays. En 1995, a lieu sa première retrospective à la Fondation Cartier. Aujourd’hui, Sidibé s’impose comme un maitre de la photographie africaine, et la Fondation lui rend un second hommage, réparti sur trois étages, pour découvrir ou redécouvrir son oeuvre quasi complète.
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Exposition Malik Sidibé ‘Mali Twist’
Du 20 octobre 2017 au 20 février 2018
Fondation Cartier pour l’art Contemporain