
JOEL MEYEROWITZ
EVENEMENT
couleur(s)
Ce mois ci au C/O Berlin, retrouvez les photographies colorées et mythiques de Joel Meyerowitz. Pour sa première retrospective consacrée au photographe, la Fondation nous présente des tirages vintages des années 60 à aujourd’hui. Connu pour ses clichés dans les rues de New York, le photographe choisi d’abord de travailler en couleur, avant d’expérimenter le noir et blanc, contrairement à nombres de ses compères. A une époque où la photographie couleur est considérée sans valeur dans le monde de l’art et réservée aux photographies de vacances, l’homme décide d’en faire son atout principal. Il devient d’ailleurs le pionnier de cette esthétique.
Malgré de nombreuses tentatives de photographies en noir et blanc, notamment pendant ses voyages en Europe, Joel Meyerowitz ne réussit pas a se séparer de la couleur, et y trouve un intérêt bien plus fort. Il pousse l’étude de cette problématique jusqu’a prendre exactement les mêmes clichés en noir et blanc, puis en couleur, pour les comparer ensuite. Jusqu’a abandonner complètement le Noir et Blanc dans les années 70. Cette question reste omniprésente dans sa carrière, et le C/O tente de nous y répondre à travers l’exposition « Why Color ? ».
On peu d’ailleurs se demander ce que serait la photographie des quatre jeunes femmes devant leur salon de beauté New Yorkais, si elle avait été prise en Noir et Blanc. Les robes roses et ocres de ces dames, ainsi que leurs escarpins bancs et leurs peaux bronzées montrent une réalité de la rue de New York, certainement beaucoup moins charmante et tape à l’oeil si les couleurs avaient disparues.

On peut se poser la même question si l’on regarde les portraits de jeunes américains effectués sur la plage, où la lumière du soir jaunit leur peau et reflète d’une manière unique l’ambiance des soirées d’été au bord de l’eau.

Joel Meyerowitz nait en 1938 dans le Bronx et prend tres jeune l’habitude de trainer dans la rue et d’observer la vie qui y prend place. Suite à des études d’art et d’histoire, il travaille dans la publicité au début des années 60. C’est la qu’il rencontre Robert Frank. Meyerowitz est fasciné par ses photographie et démissionne pour pouvoir arpenter les rues avec son appareil photo. C’est à cette période qu’il rencontre Gary Winogrand, qui l’accompagnera pour photographier la 5ème avenue de la ville de New York. Meyerowitz ne sait pas encore qu’il deviendra un des personnage clé dans l’acceptation de la photographie couleur. Il sort son premier ouvrage, "Cape Light"en 1978, vendu à plus de 100 000 copies, et qui deviendra une référence dans les ouvres de photographie couleur.
Le photographe considère que la rue, son éternel terrain de jeu, pose des questions sur le monde et mène à prendre de nouvelles formes de photographie. Il aborde d’ailleurs tout au long de sa carrière des sujets très variés et ses ouvrages en sont l’exemple incontestable.
Après "Cape Light" où il photographiait les paysages de stations balnéaires habitées uniquement par les lumières de l’été, il créé une série appelée « Photograph from a moving car », présentée au MoMa en 1968. Cette série présente des clichés en noir et blanc, pris sur la route, pendant ses errances en Europe.
A son retour de ces voyages, il candidate pour une bourse délivrée par le Guggenheim et commence un long témoignage sur la vie en Amérique pendant la guerre du Vietnam. Il se dit perturbé par le fait que le peuple américain continue à vivre comme si il n’était pas concerné par cette guerre et s’enferme dans le consumérisme et les loisirs. Il se ballade à travers le pays, ce travail sera long et il utilisera de nombreux clichés résultants d’autres de ces travaux.
Entre temps viennent "St. Louis and the Arch" en 1980. Meyerowitz est commissionné par le musée de la ville pour y dresser un portrait. Il s’y rendra quatre fois, et, de nombreux cliché plus tard, Meyerowitz se rendra compte qu’il est incapable de détacher son regard de l’Arche de la ville, autour de laquelle toute son architecture s’organise.
Il réalise ensuite une série de soixante cinq portraits sur la plage, à la lumière du soir, qui constitueront son ouvrage "A Summer’s Day", sorti en 1985. Il s’attache a retranscrire l’ambiance de l’été, sa lumière, ses activités. De ces rencontres découle son obsession pour les « Redheads ». Il traverse l’Amérique pour rencontrer des personnes aux cheveux roux et les photographier. Encore un signe que Meyerowitz a bien un rapport très particulier à la couleur.
"Redheads" sort en 1991: 110 pages de magnifiques portraits de roux et de rousses.
Puis vient "Bay/Sky" en 1993, un ouvrage qui réunit ses clichés de couchers et levers de soleil sur différents bords de mers. Cet ensemble de photographie est une sorte d'hommage aux endroits ou le ciel et la terre se rencontrent, et offrent une lumière, et des couleurs uniques, qui n'ont cessées d'attirer l'oeil du photographe tout au long de sa vie.
Plus tard en 2001, Meyerowitz est un des seuls photographes a avoir accès au site détruit de Ground Zéro après les attentas du 11 septembre. Ses photographies, qui constituent aujourd'hui les rares archives de ce terrible événement, sont également à retrouver au C/O Berlin.
Aujourd'hui, Meyerowitz est indéniablement un maitre de la photographie en couleur. Toute son oeuvre reflète une recherche permanente de la parfaite lumière, et de la traduction exacte des ambiances qu'il traverse avec son appareil photo. Son oeuvre est exposée jusqu'au 11 mars 2018 à Berlin.
Exposition Joel Meyrowitz « Why Color ? »
Du 9 décembre 2018 au 11 mars 2018
C /O Berlin